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12 février 2014

Les tribulations de Jean-Michel Jarre en Chine (Télérama, 1/1/1982)

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17 tonnes de matériel: 40 claviers, 35 amplis.13 haut-parleurs, 20 synthétiseurs, 1 batterie électronique,1 harpe à laser, plusieurs ordinateurs, le tout dirigé depuis un tableau de bord digne d’un valsseau spatial. II y a tout juste un an, Jean-Michel Jarre donnait cinq concerts en Chine, filmés par Andrew Piddington. C’est ce reportage que vous verrez mardi sur TF1 à 21 h 35.

C’était le 21 octobre 1981 à Pékin ou 20000 personnes avaient pris place dans le «Stade des Ouvriers» pour assister à son premier concert. Le fils du compositeur Maurlce Jarre («Lawrence d’Arabie» «Dr Jivago»), mari de Charlotte Rampling, devenait ainsi la première pop-star admise à jouer une musique ~ jusque-là – bourgeoise et décadente » .

"Enfant, je rêvais de la Chine, raconte Jean-Michel Jarre. Elle m’attirait un peu comme unt fruit défendu. Le mythe de l’Empire du Milieu était d’autant plus fort que le cinéma et les bandes dessinées I’amplifiaient sans cesse. C’est après mon spectacle du 14 juilllet 1979 à la Concorde, que Francis Dreytus, mon producteur et moi-même avons eu I’ldee de tenter la même chose en Chine. Pour tout le monde notre projet était insensé". Décembre 1979. Jean-Michel Jarre effectue un premier voyage de prise de contact avec les officiels chinois et les personnalités de la radio et de la télévision. Juillet 1980. Le feu vert est accordé.

Un petit synthétiseur sous le bras. Il y retourne en février et juin 1981, pour une série de mini-concerts. Les autorités chinoises avaient entendu parler du spectacle de la Concorde. Je ne voulais surtout pas leur forcer la main. Pour tester les réactions du public. Ils ont diffusé quetques extraits de mes albums Oxygène, Equinoxe et Les chants magnétiques à la radio nationale. Ma musique correspondait à l’idée qu’ils se faisaient de la musique futuriste et progressiste. Le grand jour est arrivé. Pour alimenter l'immense scène en électricité, on a coupé le courant d’une usine toute proche et diminué des trois quarts celui du quartier adjacent. Alors que le salaire moyen d’un travailleur chinois oscille autour de 200 F par mois, chaque spectateur paye sa place entre 1,50 F et 3,50 F (à Shangaï, elles se vendront jusqu’à 40 F au marché noir et aux deux concerts initialement prévus, Jean–Michel en ajoutera un troisième).

Elle se presse aux guichets cette foule où dominent le kaki et les tenues de travail grises et bleues. A la tribune officielle, le vice-présldent de l’Assemblee natlonale populaire, Panchan Lama Ederni, représente Tien Tsao Ping. Blen entendu, l’événement est retransmls simultanément à la radio et à la television. Après une explication en règle, la speakerlne en robe de mousseline annonce Jean-Michel Jarre qui, très élégant dans son smoking blanc, fait une entrée majestueuse, avant de s’installer aux claviers et d’attaquer les premières notes. Et ils sont fascinés ces Chinois. Eux qui ont lnventé le feu d’artifice, sont émerveillés par ce « Son et lumière » venu de France. Certes l’enthousiasme n’est pas celui des concerts occidentaux, mais ils sont stupéfiés par cet étalage de matériel. ils sont surpris lorsqu’à sa propre musique ponctuée de rayons lasers et de projections traçant les mots «Chine», «Pékin», «Jarre», Jean-Michel mêle celle des instruments traditionnels chinois comme le zheng, sorte de harpe triangulaire. lls sont fiers enfin lorsque les 35 musiciens du conservatoire national de Pékin, dirigés par Huang Feili, entament «Barques de pêche au soleil couchant», leur mélodie traditionnelle.

"Il était capital d’intégrer les Chinois à la réalisation du projet. Aussi bien sur le plan artistique que technique. Pendant la tournée, chaque techniclen français a été assisté de son homologue chinois. Sur le plan des valeurs humaines, la concurrence, l’argent, le temps et le sexe sont des mots dont la signification chinoise est totalement opposée à la nôtre. Aussl entre Chinois et Européens, les rapports s’établissent-ils à un autre niveau, celui de la connalssance intuitive. Car dans ce pays ce qui n'est pas dit est plus important que ce qui est dit. Je crols que c’est pour cela que nous avons réussi. Dorénavant, je n’ai plus qu’une envie, retourner en Chine."

11 février 2014

Son disque unique vendu 69.000 francs! (le Parisien Libéré, 7/7/1983)

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« Je n’aurais pas cru qu’un seul morceau de cire puisse rapporter autant de galettes… » : Par cette boutade, je pense résumer l’impression de l’artiste Jean-Michel Jarre et du commissaire-priseur maître Pierre Cornette de Saint-Cyr, à l’issue de la vente aux enchères à l’hôtel Droutot, de l’exemplaire unique de «Musique pour supermarché», une pièce que Jarre se déclarait prêt à céder à 60 F, dont il pensait trouver acquéreur à 25 000 F et qui a été adjugée à 69 000 F.

L’heureux propriétaire, M. Gérard, est un administrateur de biens, collectionneur de disques à ses heures perdues et qui connaît Jarre pour l’avoir rencontré non pas dans les milieux du show-business, mais régulièrement en vacances depuis une dizaine d’années. Dans la salle, à l’exception de Christophe et de Charlotte Rampling, le monde du spectacle ne se trouvait guère représenté.

Aux habitués de l’univers des cimaises, se mêlaient les réprésentants des télévisions du monde entier, quelques inconditionnels du compositeur d’Oxygène et des badauds venus assister, à l’issue de la vente, de la collection de Jean-Claude Riedel, à l’ »événement » : l’holocauste (c’est le terme employé par Pierre Cornette de Saint-Cyr) au chalumeau, de la matrice du disque, en l’absence de l’artiste timidement caché dans les coulisses, mais en présence des huissiers et de Charlotte Rampling. Une cérémonie au cours de laquelle ont fusé toutes les plaisanteries que vous pouvez imaginer, de : « Auriez-vous du feu pour ma cigarette ? » à « l’expert est de mèche », en passant par « voilà une musique qui chauffe » ; des propos sur lesquels, une fois le microsillon brûlé, personne n’a toutefois réclamé des droits d’odeur.

10 février 2014

Jean Michel Jarre le «sale gosse» génial (Tribune de Genève, 14/04/2007)

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Rencontre autour de «Téo et Téa», un CD qui, justement, traite de rencontres. Il a des mains d’enfant. «De sale gosse», comme il le dit lui-même. A près de 59 printemps, Jean Michel Jarre semble avoir englouti deux bons gros barils d’élixir de jeunesse.

Ces mains-là n’ont pas beaucoup changé depuis qu’elles fouillaient, fébriles, dans le bric-à-brac d’un grand-père à la Géo Trouvetou. «Je pense à lui à chaque album, raconte le musicien. J’allais dans son atelier et il y avait un tas de trucs bizarres. J’adorais bidouiller avec ça, toucher ces objets, dans un rapport quasi sensuel. »

Soixante millions d’albums vendus plus tard, Jean Michel Jarre continue de triturer les sons avec la même gourmandise. Téo et Téa, son nouveau CD, est l’aboutissement de ces manipulations fructueuses. Un disque plein d’allégresse, bien décidé à vous filer un coup de pied au cul pour vous expédier illico sur les pistes de danse. «C’est mon album le plus rythmique à ce jour, avec ce côté dance floor», confirme le pape de l’electro.

:: La quête de l’autre ::
Dans l’excellent clip tiré de l’album, on voit deux ados courir comme des dératés sur fond de mégalopole désertée. Aurait-on tout ôté à Téo et Téa? «C’est un disque qui traite du thème de la rencontre, précise le musicien. Il y a de plus en plus d’outils de communication et on se parle de moins en moins. Il suffit de jeter un oeil sur Internet: on assiste à une explosion des sites de contacts, et pas seulement pour des rencontres sexuelles. Ça va au-delà: c’est devenu une véritable quête».

:: Métaphore de l’électricité ::
Hasard ou pas, le petit personnage du film 3D n’est pas sans faire penser à Jean Michel Jarre, avec son épaisse tignasse brune. D’ailleurs, la jeune fille qui sprinte à ses côtés pourrait tout aussi bien être sa compagne, la comédienne Anne Parillaud. «Téo et Téa, ce n’est pas une histoire de couple, corrige l’intéressé. C’est plutôt une rencontre dans tous ses états. Et c’est une métaphore sur l’électricité, avec le coup de foudre, la tension, le fait d’être branché sur quelqu’un. »

On pourrait pousser la métaphore plus loin encore. Et affirmer qu’avec ses mégashows, Jean Michel Jarre s’est toujours fixé pour objectif d’établir le courant avec la multitude.

«Les instruments acoustiques ou du rock sont nés du jeu de la performance, au contact de la scène, explique l’artiste. Les instruments électroniques nécessitent une scénographie. Dans la mienne, il y a toujours un contenu visuel très fort. Les images valent mieux qu’un long débat: il faut passer par le coeur et l’émotion.»

Ambassadeur de l’Unesco, investi dans la lutte contre l’illettrisme et pour la sauvegarde de l’eau, Jean Michel Jarre applique la méthode jusque dans ses engagements. «Les discours politiques par rapport à l’environnement, je trouve que ça n’a pas une réelle importance, relève-t-il. Ce qui compte, c’est la prise de conscience des gens. Je crois que, de toute manière, ils seront amenés à réagir, ne serait-ce que par égoïsme.»

On le voit, la star internationale n’a pas dévoré le citoyen. Difficile, en outre, de faire plus disponible que Jean Michel Jarre. Au-delà des grandes causes et au sortir des scènes immenses, l’artiste s’immerge volontiers dans les contrées traversées pour en saisir l’âme. «Les concerts, finalement, c’est aussi un prétexte pour pouvoir pénétrer les pays, conclut-il. Et aller au contact des gens. » Sans atteindre à cette intimité, c’est par le biais des clubs que le musicien viendra bientôt rendre visite à la Suisse. Même si, pour l’heure, Téo et Téa n’ont toujours pas déterminé s’ils s’enlaceront sur les pistes lausannoises ou genevoises.

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09 février 2014

Jarre, la simplicité du génie (Le Bien Public, 9/11/2010)

Les musiciens Claude Samard, Francis Rimbert et Jérôme Gueguen accompagnent Jean-Michel Jarre sur scène. Monde. Entamée en mars à Katowice, en Pologne, la tournée de Jean-Michel Jarre s’achèvera à Pau en décembre.

Des sons tranquillement distillés font patienter le public face à cette forêt de claviers et de machines qui interpelle. Le noir se fait et, pourtant, ce n’est pas de la scène, mais du fond des gradins que vient la première surprise. Jean-Michel Jarre s’offre d’abord un bain de foule, traverse la salle, la descend en serrant des mains, dit son attachement à la Bourgogne et peut se lancer dans son premier Chant magnétique.

Reconnaissable entre tous, le son Jarre révèle sous les yeux du public sa complexité. Ils sont quatre à se multiplier sur leurs dizaines d’instruments pour donner cette grande messe électronique. Quatre devant un écran XXL qui, pour l’instant, se contente d’apporter aux couches sonores de magnifiques contrastes monochromes. Mais très vite, ces 30 mètres sur 10 s’animent et les 5 000 spectateurs planent alors entre les fils et boutons d’une console, sont happés par les lasers, les jeux de lumières.

:: Une pluie d’idées ::
Parfaitement composée, la partition visuelle et musicale devient magique ; elle n’est pas près de lâcher prise. Pour cette tournée mondiale, Jarre a, en effet, décidé de jouer le meilleur de son répertoire, d’Oxygène à Chronologie en passant par Equinoxe et Rendez-vous. Pour ces shows indoor, il apporte également le même soin que pour les concerts gigantesques qu’il a donnés partout sur la planète. Le spectacle total annoncé a bien lieu. Chaque morceau possède son histoire, son ambiance, sa folie technologique, sa créativité surtout. Les perles, comme ce Rendez-vous 2 à la harpe laser, s’accumulent sans jamais être redondantes, se font échos. Vraiment pas à court d’idées, Jarre offre de la musique à voir. Dans cet espace quasi intimiste à l’échelle de sa carrière, il se donne sans compter, invite la salle à le suivre, sprint de la cour au jardin, saute, s’amuse.

Les images des caméras placées sur ses claviers ou sa tête permettent de vivre le concert d’encore plus près, vraiment de l’intérieur. Jean-Michel Jarre humanise alors l’électronique. L’immensité de l’écran, la superposition des rythmes et des harmonies laissent place à la simplicité des idées. C’est fort. Pas loin du génial.

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08 février 2014

L’odyssée de l’espace de Jean-Michel Jarre (Le Soir, 3/12/2010)

coupure presse,2010Jean-Michel Jarre s’est produit de la Concorde à la Cité interdite. Pionnier de la musique électronique, le Français a attendu d’avoir 62 ans pour entamer sa première tournée mondiale. Le «Jean-Michel Jarre 2010» se pose à Anvers ce vendredi 3 décembre. Il a vendu plus de 80 millions d’albums et s’est surtout fait connaître à travers ses mégaconcerts aux quatre coins du globe.
Considéré par la scène électronique française (Laurent Garnier et Daft Punk en tête) comme leur « Parrain », l’homme d’Oxygène et d’Equinoxe se lance dans sa première tournée mondiale. Et si celle-ci s’intitule Jean-Michel Jarre 2010, c’est évidemment pour rendre hommage à l’écrivain Arthur C. Clarke qui déclarait « avoir écouté les albums de Jean-Michel Jarre inlassablement jusqu’à les savoir par cœur et j’ai écrit la quasi-totalité de mon 2001 : Odyssey Two sur sa musique ». Rencontre avec un vrai passionné.

Votre parcours est à ce point atypique que vous entamez votre première tournée mondiale après quarante ans de carrière. Pourquoi aujourd’hui ?
C’est un rêve que je caressais depuis longtemps. L’idée est de prendre la magie des concerts en extérieur et l’apporter dans des espaces plus contrôlables. Je voulais montrer qu’il est possible de faire de la musique électronique en live et en direct avec des instruments. J’avais envie de partager tout cela dans une proximité différente. Et de reprendre les morceaux de mon répertoire revisités pour la circonstance.

Quelle est votre configuration scénique ?
Nous sommes quatre sur scène. Un peu dans l’esprit d’un groupe de rock. Nous avons 70 instruments assez spectaculaires sur scène dont beaucoup font partie de la mythologie de la musique électronique. J’attache également beaucoup d’importance à l’aspect visuel du concert. À l’heure où la musique est devenue nomade, le prolongement visuel fait partie de la performance musicale. Si on aime la musique, c’est parce c’est le médium le plus interactif. C’est celui sur lequel les gens peuvent le plus travailler et créer.

Qu’est-ce qui vous plaît le plus dans la vie de tournée ?
J’ai demandé de voyager au maximum par la route. À l’époque d’Internet et de l’avion, on a une relation de plus en plus virtuelle avec la géographie. On arrive dans un pays sans le ressentir. Quand on traverse le pays, on finit toujours par s’arrêter et le renifler. Du coup, ce qu’on va donner sur scène sera différent.

On sait combien vous êtes un perfectionniste, voire un monomaniaque du son. Quand vous arrivez dans une salle que vous ne connaissez pas, vous la reniflez comme un pays que vous traversez ?
Je vais m’asseoir dans tous les endroits. Les ingénieurs du son me maudissent au premier degré mais ils respectent parce qu’ils sont tirés vers le haut. Mais au bout du compte, c’est quoi un spectacle ? C’est quand même proposer quelque chose qui soit parfait.

Finalement, c’est à se demander si tous ces concerts gargantuesques au fil des ans n’ont pas développé cette acuité qui vous permet aujourd’hui de partir en tournée ?
Disons que tous ces concerts auxquels vous faites allusion étaient des travaux pratiques, c’est vrai.

Laurent Garnier, pour qui, vous le savez mieux que nous, vous comptez beaucoup, nous disait que s’il a commencé à se produire sur scène avec de vrais musiciens, c’est pour offrir quelque chose de plus organique, de beaucoup plus chaud…
Et il a raison. Ce qui est drôle avec quelqu’un comme Laurent, c’est qu’il fait partie de cette génération de gens qui ont abordé la musique à travers le deejaying. Etre dee-jay, c’est une activité à part entière. Rares sont ceux qui combinent l’excellence en tant que DJ, producteur et compositeur. Je pense que Chemical Brothers réunit les trois et Daft Punk aussi.

En tant que pionnier de la musique électronique, pouvez-vous nous dire d’où vient cette mélancolie qui s’échappe des nappes de claviers si caractéristiques du son de cette musique ?
Ce contraste entre l’énergie et la dynamique est cette mélancolie masquée. Quand je réfléchis bien, c’est ce qui me plaît le plus dans l’art en général et, personnellement, c’est ce qui me fait vibrer. Je pense que le côté sombre n’est jamais aussi efficace qu’à partir du moment où il est mis en perspective avec la lumière et la gaieté. C’est pour ça que quelqu’un comme Federico Fellini est extraordinaire. Pour cette contradiction entre la mélodie et la mélancolie souterraine.

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